23
La justice de nouveau bafouée

 

 

— Voici ton dernier repas, sale chien ! lança l’un des deux gardes postés devant la cellule de Wulfgar.

Le soldat cracha dans l’assiette et fit glisser le plateau par la fente.

Wulfgar n’accorda aucune attention à ces hommes et ne fit pas un geste en direction de la nourriture. Il avait du mal à croire qu’il avait échappé à une exécution à Luskan pour être tué dans un fief insignifiant. Il se fit soudain la réflexion qu’il avait peut-être mérité son sort. Bien entendu, il n’avait pas levé la main sur cette femme, néanmoins la façon dont il s’était comporté au cours des derniers mois, depuis qu’il avait quitté Drizzt et les autres au Valbise – depuis qu’il avait giflé Catti-Brie – ne correspondait pas à quelqu’un pour qui une telle fin aurait été injuste. Drizzt et lui n’avaient-ils pas tué des monstres pour les mêmes crimes qu’il avait lui-même commis ? Les deux compagnons ne s’étaient-ils pas lancés, sur l’Épine dorsale du Monde, à la poursuite d’une bande de géants qui surveillaient les pistes, avec de toute évidence le projet d’attaquer les convois de marchands ? Avaient-ils fait preuve de pitié à l’égard de ces créatures ? Quelle pitié Wulfgar méritait-il, dans ce cas ?

Malgré tout, avoir été jugé coupable de crimes qu’il n’avait pas commis, à Luskan comme à Auckney, perturbait sérieusement le colosse et ébranlait le peu de confiance qu’il gardait envers la justice et l’humanité. Cela n’avait pour lui aucun sens. Pourquoi ne pas le punir pour les crimes dont il était réellement responsable, s’ils tenaient tant à le tuer ? Ils n’avaient que l’embarras du choix.

Il surprit les derniers mots de la conversation entre les deux gardes, alors qu’ils s’éloignaient dans le couloir :

— Ce sera un enfant maudit, vu d’où il vient.

— Il déchirera le ventre de dame Méralda, avec un père si immense !

Cela fit réfléchir Wulfgar, qui resta un long moment assis dans l’obscurité, la bouche ouverte. Cette histoire prenait peu à peu corps, à mesure qu’il rassemblait les différentes pièces du puzzle. D’après d’autres conversations entre soldats, il savait que le seigneur Féringal et Méralda ne s’étaient mariés que très récemment et qu’elle était enceinte d’un autre homme.

L’absurdité de cet imbroglio le fit presque rire. Il était tombé à point pour fournir une explication bien pratique à l’adultère d’une femme noble, un véritable baume sur le cocufiage du seigneur Féringal.

— Quelle déveine…, marmonna-t-il, comprenant qu’il avait joué de malchance pour se retrouver dans cette situation calamiteuse.

Une succession de mauvais choix de sa part l’avait conduit ici, dans les ténèbres, avec pour seule compagnie les araignées, la puanteur et les visites du démon.

Et pourtant oui, il méritait ce sort, il en était convaincu. Non pas pour les crimes dont il était accusé mais pour ceux qu’il avait commis.

 

* * *

 

Elle ne parvenait pas à trouver le sommeil, ni même à fermer les yeux. Féringal l’avait laissée assez tôt et avait regagné sa chambre quand elle lui avait fait part de sa fatigue et lui avait demandé de lui accorder un répit, notamment quant à ses incessants élans amoureux. En réalité, le comportement de son mari ne la gênait pas du tout, bien au contraire ; faire l’amour avec Féringal était très agréable et sans la présence de l’enfant et de ce pauvre homme, enfermé dans le donjon, cela aurait été encore plus qu’agréable.

Méralda avait fini par comprendre qu’elle ne s’était pas trompée en changeant d’avis au sujet du jeune seigneur, personnage véritablement prévenant et honnête. Elle n’éprouvait ainsi aucune difficulté à le considérer sous ce nouveau jour, même si ses traits séduisants et son charme étaient légèrement ternis par les années passées sous l’influence de sa sœur acariâtre. Méralda se savait capable de le débarrasser de cette imposante présence ; elle était certaine de pouvoir faire s’exprimer le meilleur de Féringal et vivre en harmonie avec cet homme de bien.

Elle avait en revanche beaucoup plus de mal à se supporter elle-même, ainsi que la façon dont sa stupidité la punissait, sous la forme d’un bébé en son sein et de la colère bouillonnante de son mari. Le plus intolérable pour elle dans tout cela était peut-être l’exécution à venir d’un innocent, un homme qui l’avait sauvée du crime même pour lequel il allait sous peu être affreusement tué.

Après que l’on eut conduit Wulfgar à sa cellule, Méralda avait tenté de justifier la sentence en se rappelant que cet inconnu était bel et bien un bandit de grand chemin, qui avait fait d’autres victimes et était peut-être allé jusqu’à violer d’autres femmes.

Ces arguments ne pesaient cependant pas bien lourd et Méralda savait à quoi s’en tenir. Malgré l’attaque du carrosse, elle avait remarqué une lueur de bonté chez ce barbare. Le mensonge qu’elle avait proféré avait provoqué la situation actuelle et aboutirait à l’exécution brutale d’un homme qui ne le méritait pas.

Méralda resta ainsi allongée très tard dans la nuit, s’estimant la personne la plus haïssable du monde. Elle prit à peine conscience de ses gestes, un peu plus tard, quand elle se leva et sortit de sa chambre, pieds nus sur les dalles froides et avec la lueur d’une unique bougie pour seul éclairage. Elle se rendit à la chambre de Témigast, marqua une pause devant sa porte et, quand elle eut bien entendu les ronflements rassurants du vieil homme, y entra. En tant qu’intendant, Témigast conservait toutes les clés du château sur un grand anneau en fer forgé.

Méralda repéra cet objet sur un crochet, au-dessus d’une commode, et s’en empara, non sans jeter des coups d’œil nerveux à Témigast au moindre bruit. Elle parvint toutefois à sortir de la pièce sans le réveiller, puis elle traversa sans perdre de temps la salle d’audience, les quartiers des domestiques et la cuisine, où se trouvait la trappe qui donnait sur les niveaux inférieurs, si bien verrouillée et bloquée avec des barres de fer qu’aucun homme, pas même un géant, ne pouvait espérer la forcer. À moins d’en posséder les clés.

Méralda s’activa, essayant chaque clé jusqu’à avoir ouvert tous les verrous et écarté toutes les barres, puis elle rassembla ses esprits afin de mettre en place un plan plus élaboré. C’est alors qu’elle entendit rire des gardes, dans une salle attenante. Elle s’approcha de la porte et jeta un regard ; les hommes jouaient aux osselets.

Elle se dirigea ensuite vers la porte étroite du cellier, qui donnait sur le mur d’enceinte du château. Il n’y avait là pas beaucoup de place pour se faufiler entre les rochers, en particulier à marée haute, ce qui était présentement le cas, mais il faudrait bien que cela fasse l’affaire. Après avoir également déverrouillé cette ouverture, Méralda revint à la trappe et l’ouvrit en douceur. Elle se glissa dans le boyau crasseux, pieds nus dans la boue et sans oublier de relever sa chemise de nuit pour éviter d’éventuelles taches compromettantes.

Réveillé par le bruit d’une clé insérée dans la serrure de sa porte, Wulfgar aperçut une lueur vacillante dans le couloir. Ayant perdu toute notion du temps dans l’obscurité, il s’imagina que l’heure de sa torture était arrivée. Il fut donc extrêmement surpris de voir dame Méralda le contempler, derrière les barreaux de sa cellule encore verrouillée.

— Pourrez-vous jamais me pardonner ? murmura-t-elle, en regardant avec nervosité par-dessus son épaule.

Wulfgar resta bouche bée.

— Je ne pouvais pas deviner qu’il vous traquerait, poursuivit-elle. Je pensais qu’il y renoncerait et que je serais…

— Sauvée, acheva-t-il à sa place. Tout comme vous avez pensé que votre enfant serait lui aussi sauvé. (Ce fut au tour de Méralda d’afficher un air incrédule.) Pourquoi êtes-vous venue ici ?

— Vous auriez pu nous tuer, répondit-elle. Liam et moi, sur la route. Ou fait ce dont ils vous accusent.

— Et que vous avez confirmé, lui rappela le barbare.

— Vous auriez pu laisser votre ami s’en prendre à moi, là-bas, vous auriez pu laisser Liam mourir, poursuivit Méralda. Je vous dois au moins cela. (Wulfgar eut la surprise de voir la châtelaine tourner la clé dans la serrure.) À gauche en haut de l’échelle, puis par le cellier. La voie est libre.

Sans plus attendre, elle alluma une autre bougie, qu’elle donna au prisonnier avant de repartir.

Wulfgar lui laissa un peu d’avance afin de ne pas la rattraper, ce qui pouvait l’impliquer elle aussi s’il se faisait prendre. Une fois sorti de la cellule, il arracha du mur une applique métallique, dont il se servit pour endommager – aussi silencieusement que possible – le verrou, de façon à donner l’impression qu’il l’avait lui même détruit. Il s’engagea ensuite dans le couloir, emprunta l’échelle et déboucha dans la cuisine.

À son tour, il entendit les gardes parlementer et lancer les osselets dans la salle voisine, ce qui lui interdit de briser les verrous et barres de la trappe. Il décida tout de même de la refermer et replacer les sécurités ; on en déduirait qu’il avait bénéficié d’une aide magique. Comme le lui avait expliqué Méralda, il se rendit ensuite directement au cellier et se faufila dans l’étroite ouverture, qu’il franchit tout juste, et posa un pied peu assuré sur les rochers mouillés, à l’extérieur et en contrebas du château. Ces pierres étant érodées et lisses, il ne pouvait espérer s’y accrocher, tandis qu’il n’entrevoyait aucune issue le long de la muraille, sur laquelle les vagues se fracassaient.

Wulfgar se jeta dans l’eau glaciale.

 

* * *

 

Dissimulée dans la cuisine, Méralda eut un hochement de tête approbateur quand elle vit Wulfgar consolider sa ruse en refermant la trappe. De la même façon, elle verrouilla ensuite la porte du cellier et se nettoya les pieds, afin d’en ôter toute trace de son escapade souterraine. Sans un bruit ni le moindre incident, elle regagna la chambre de Témigast et replaça les clés sur leur crochet.

Quelques instants plus tard, elle retrouva son lit, enfin débarrassée des terribles démons de la culpabilité – tout du moins d’une partie d’entre eux.

 

* * *

 

Malgré la fraîcheur du vent marin, Morik transpirait sous les lourds pans de son nouveau déguisement, qui faisait de lui une vieille lavandière, alors qu’il était tapi derrière un mur de pierre, non loin de la passerelle qui conduisait au château d’Auck.

— Pourquoi ont-ils construit ce truc sur une île ? marmonna-t-il, découragé, même si, bien entendu, les problèmes qu’il rencontrait répondaient d’eux-mêmes à cette question. Le garde solitaire adossé contre la muraille, au-dessus de l’immense porte, était probablement à moitié endormi, mais Morik ne voyait aucun moyen de l’atteindre. Le pont était bien éclairé par des torches, qui brûlaient toute la nuit, d’après ce qu’il avait entendu dire, ce qui ne lui permettait pas d’espérer y avancer sans se faire repérer. Il lui faudrait donc nager jusqu’au château.

Morik observa les eaux noires d’un œil douteux, songeant qu’il ne lui resterait plus grand-chose de son déguisement après une telle traversée, si toutefois il atteignait l’îlot. Il n’était en effet pas un très bon nageur et ignorait d’autre part tout au sujet de la mer et des monstres qui rôdaient peut-être sous cette houle sombre.

C’est à cet instant précis que Morik comprit que la route de Wulfgar touchait à son terme. Il irait sans doute sur la place où son ami serait torturé, le lendemain matin, mais sans doute uniquement pour lui dire adieu, tant il lui paraissait improbable de le sauver sans se mettre lui-même en danger.

Puis il changea d’avis ; il n’y assisterait pas. Quel bien cela me ferait-il ? grommela-t-il. Cela pouvait même s’avérer catastrophique si le magicien qui avait capturé Wulfgar était présent et le reconnaissait. Il vaut mieux que je garde des souvenirs de Wulfgar du temps de notre liberté, songea-t-il encore.

— Adieu, mon ami, dit-il à haute voix. Je vais maintenant rentrer à Luskan…

Morik s’interrompit quand il vit les eaux s’agiter au pied de l’enceinte du château. Une silhouette, massive et sombre, se mit ensuite à nager dans les vagues, ce qui poussa le voleur à porter la main à son épée.

— Morik ? lâcha Wulfgar, claquant des dents de froid, quand il eut atteint la rive où se trouvait son compagnon. Que fais-tu ici ?

— Je pourrais te demander la même chose ! s’écria Morik, aussi ravi que stupéfait, avant de poursuivre, avec son effronterie habituelle, tout en se penchant pour aider Wulfgar à sortir de l’eau : j’étais venu te délivrer, évidemment ! Il va falloir que tu m’expliques beaucoup de choses, mais viens, commençons par filer d’ici.

Wulfgar n’eut aucune envie de contredire son ami.

 

* * *

 

— Je vais faire exécuter jusqu’au dernier garde de ce château ! s’écria le seigneur Féringal quand il apprit l’évasion du prisonnier, le lendemain matin, alors qu’il avait prévu de se venger du barbare ce jour-là.

Le soldat eut un mouvement de recul, craignant que son maître l’agresse sur-le-champ, ce qui ne parut pas insensé, tant le jeune noble semblait sur le point de bondir de son trône. Méralda l’agrippa par le bras afin de le retenir.

— Calmez-vous, seigneur, lui dit-elle.

— Me calmer ? aboya-t-il, avant de se tourner vers le garde. Qui m’a trahi ? Qui va payer à la place de Wulfgar ?

— Personne, répondit Méralda, sans laisser au soldat le temps de balbutier une réponse. (Son mari lui adressa un regard incrédule.) Toute personne que vous punirez le sera à cause de moi, or je ne veux pas avoir de sang sur les mains. Agir ainsi ne ferait qu’empirer les choses.

Le seigneur se calma plus ou moins et se carra dans son fauteuil, sans quitter des yeux sa femme, qu’il voulait protéger plus que tout au monde. Après quelques instants de réflexion, les yeux rivés sur ce visage superbe et innocent, Féringal hocha la tête.

— Fouillez toute la région, ordonna-t-il au soldat. Ainsi que le château, encore une fois, du donjon au sommet des tours. Et rapportez-le-moi vivant.

Le front ruisselant de sueur, le soldat s’inclina et sortit de la pièce en courant.

— N’ayez crainte, mon amour, dit le seigneur Féringal à Méralda. Je vais rappeler le magicien et lui demander de lancer de nouvelles recherches. Le barbare ne nous échappera pas.

— Je vous en prie, seigneur, ne convoquez pas ce magicien, ni personne d’autre, le supplia Méralda, ce qui provoqua quelques expressions de surprise, notamment de la part de Priscilla et Témigast. Je veux qu’on en finisse avec cette histoire. C’est du passé et je souhaite poursuivre ma route sans me retourner. Laissez donc cet homme s’enfuir et mourir dans les montagnes et songeons à notre propre vie et au moment où vous engendrerez vos propres enfants.

Sans cesser de la regarder, Féringal opina du chef, lentement, très lentement, et Méralda se détendit dans son fauteuil.

 

* * *

 

L’intendant Témigast observait la scène avec une certitude de plus en plus établie. Il devinait désormais sans le moindre doute que c’était Méralda qui avait libéré le barbare. Il n’était guère difficile pour cet homme pétri de sagesse, suspicieux depuis qu’il avait remarqué la réaction de la châtelaine, le jour où le prisonnier avait été traîné à ses pieds, de comprendre les raisons d’un tel comportement. Il prit la décision de n’en parler à personne, estimant que ce n’était pas à lui d’infliger une douleur inutile à son seigneur. Quoi qu’il advienne, l’enfant à naître serait éloigné et écarté de la succession.

Cependant, Témigast n’en avait pas terminé avec cette affaire ; il avait en effet remarqué l’expression arborée par Priscilla, un air de doute qui aurait aussi bien pu être le sien. Ainsi redoutait-il que cette éternelle suspicieuse se pose les mêmes questions que lui au sujet de la paternité du bébé. Si Témigast jugeait qu’il ne lui appartenait pas de faire du mal de façon inutile, Priscilla Auck semblait, elle, au contraire, y prendre un grand plaisir. La route à laquelle Méralda avait fait allusion était loin d’être claire, d’un côté comme de l’autre.

L'Épine Dorsale du Monde
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